LA VOIX DU NORD
Chantal David
Publié le 04/05/2019

À 20 ans, J. était timide et inhibé. Difficile dans ces conditions, dira-t-il à la barre, de séduire des filles. Alors, sur les réseaux sociaux, il s’est inventé un profil de photographe, usurpant le nom de vrais professionnels. Il vient d’être condamné pour escroquerie.

Depuis sa chambre dans la maison familiale à Erquinghem-Lys, le jeune adulte, bourré de complexes, demandait à des jeunes filles de lui envoyer des photos d’elles. Il inventait des besoins de défilés, des histoires de casting. Son argument massue : « Je cherche la nouvelle égérie d’Etam ». Il choisissait des filles plutôt jolies, de son âge ou un peu plus jeunes. Il les voulait parfois habillées, parfois dénudées. Demandait aussi de zoomer sur une partie du corps : yeux, seins, ventre. Il gardait les clichés, les regardait. « Rien de plus » affirmera-t-il au tribunal, dans un souffle.

Une centaine de photos

J. était jugé jeudi, en cinquième chambre correctionnelle, pour escroquerie. Car pour donner du crédit à ses demandes, il piochait sur le net, le nom de photographes professionnels. C’est comme cela qu’il s’est fait pincer. Une photographe s’est plainte, elle recevait des appels de jeunes filles, intriguées de ne pas avoir de retour après l’envoi de photos. Elle expliquera aux enquêteurs que J. lui a fait perdre des clients.

Ce qui est très interpellant, c’est la durée » remarque la présidente Audrey Bailleul. Le manège de J. a duré de 2013 à 2017. Il a créé quatre profils et autant de faux comptes Facebook. « Combien de photos ? » interroge la présidente. « Une centaine… ».