Un policier accusé de viol dans une cellule de dégrisement

Nov 16, 2014Droit pénal

RTL
Rédaction numérique de RTL et AFP
Publié le 29/10/2014 À 19:40

Accusé de « viol commis par personne abusant de l’autorité que lui confèrent ses fonctions », un ex-policier risque jusqu’à 20 ans de réclusion.
ancien policier jugé à Versailles pour un viol en cellule de dégrisement a joué mercredi la carte du « malentendu sexuel », sans convaincre l’avocat général qui a requis une peine « sévère » à son encontre: 10 ans de prison.

Ce soir du 16 mai 2012, « il y a eu un bon feeling », raconte, sûr de lui, cet homme de 40 ans aux larges épaules. Sous sa garde au commissariat de Mantes-la-Jolie, une femme de 44 ans, débraillée, dépressive et ivre: « Je me suis dit qu’il y avait une ouverture, qu’elle n’avait pas l’air farouche ». Suivent une fellation et un rapport sexuel sans préservatif, la porte de la cellule entrouverte. Un viol, selon elle.
L’ancien brigadier en cours de révocation, « cruciverbiste averti » et amateur de « fortes poitrines », avait assuré immédiatement après les faits qu’elle était consentante, « provocante ». Mais avec le recul, il plaide le « malentendu sexuel » et raconte avoir cru qu’elle l’aguichait en posant sa main sur son sein pour lui faire sentir son pouls.

« A aucun moment je n’ai ressenti des tremblements, de la colère, du refus », insiste l’ancien policier. « Elle a dit : ‘bon, d’accord' », assure-t-il, l’accusant de se poser en victime « pour que son mari reste avec elle ». Il répète avoir initié le rapport sexuel pour faire souffrir sa compagne. Sourire gêné, intarissable dans l’auto-critique: « C’est sûr, j’ai fait l’idiot, je m’en voudrai toute ma vie ».

Pas de quoi émouvoir l’avocat général, qui décrit un homme « égocentrique, sans doute aussi un peu obsédé sexuel »: « Ce jour-là, une occasion lui est passée sous la main, il l’a prise, un plaisir ne se refuse pas ».

Père de famille « un peu obsédé »
Demandant à la cour « d’être plus sévère que d’habitude » car jugeant un policier chevronné, il requiert dix ans de prison. Une femme « détenue », dont l’alcool « ralentit la prise de décisions » ? La victime « ne pouvait pas être consentante », soulève-t-il: « C’est un viol, incontestablement ». A l’époque des faits, cette Espagnole d’origine marocaine aimait « la salsa » et « les hommes en uniforme ».

« J’ai pas réagi », concède en tremblant à la barre cette femme trapue, le nez percé d’un diamant et les yeux rougis. Elle raconte son « cauchemar »: l’état de « choc » dans une cellule sordide « qui sentait mauvais », ce policier en uniforme, armé, « grand et fort », « un démon ». Elle décrit sa main qui la bâillonne « pour ne pas crier ». « Quelques doigts sur sa bouche, parce que j’aime bien qu’on les mordille », corrige l’ex-policier. Me Nathalie Langlois-Thieffry, qui la défend, s’emporte contre la « thèse du malentendu » de l’ex-policier: « ‘oups, pardon madame, j’avais pas vu que vous n’aviez pas envie' ».

Trémolos dans la voix, l’avocat de l’accusé, Me Olivier Péan de Ponfilly, plaide l’acquittement. « Y’a trop de trucs qui vont pas », lance-t-il, comme cette cigarette qu’elle avait demandée au brigadier après les faits. L’avocat, dubitatif: « Elle demande une clope à son violeur? »